Accueil du site > Plan > Intérêts des industriels

Intérêts des industriels

L’industrie du pétrole face aux nouvelles sources d’énergie

par Mata’i Souchon

Le pétrole est de nos jours au centre d’une économie très lucrative. Il reste aujourd’hui plus de mille milliards de barils de pétrole [1] à puiser et utiliser. Les compagnies pétrolières n’ont donc inévitablement aucun intérêt à voir cesser ce commerce avant la fin du pétrole, d’autant plus que le coût du baril est amené à augmenter dans les années à venir : plus une ressource est rare, plus elle est difficile à récolter et donc plus elle est chère.

D’après le film « Qui a tué la voiture électrique ? » de Chris Paine, les profits combinés de Exxon, Chevron-Texaco et Conoco-Phillips ont augmenté ainsi :
- En 2003 : 33 milliards de dollars.
- En 2004 : 47 milliards de dollars.
- En 2005 : 64 milliards de dollars.

Ce même film suggère plusieurs formes d’action des lobbies pétroliers. Il est évidemment bien difficile de repérer leurs actions concrètes, n’ayant aucun intérêt à ce que l’on comprenne leur démarche. Nous n’avons donc pas pu trouver d’autre source que le film de Chris Paine. Cependant, quand bien même leur action pour freiner le développement de technologies alternatives à l’essence ne serait pas prouvé, il n’en demeure pas moins qu’ils ont tout intérêt à ce que l’essence reste le carburant le plus utilisé dans les années à venir.

Selon le film :
- Des lobbies ont fait pression pour que la Californie abandonne sa loi ZEV [2] (qui imposait un objectif de production de voitures n’émettant aucun gaz toxique) d’ailleurs jugée trop stricte par les constructeurs. Un groupe intitulé « Les Californiens » opposé aux « abus des sociétés de service public » se serait opposé à la construction de stations électriques, arguant que ce serait « gaspiller l’argent du contribuable ! ». A la suite de cela, une enquête aurait révélé que ce n’étaient pas des consommateurs comme le laissait entendre l’appellation « Les Californiens », mais bien l’industrie pétrolière, et en particulier la Western States Petroleum Association.
- Ces groupes auraient payé des éditoriaux dans la presse nationale pour expliquer que les bienfaits environnementaux étaient discutables puisqu’il fallait générer l’électricité dans des centrales à charbon (pourtant l’électrique reste meilleure que l’essence d’après la California Energy Commission, y compris si l’énergie provient de centrales à charbon). Ils auraient aussi affirmé qu’elles étaient bien trop chères, et surtout dangereuses car risquant d’exploser.
- Les industriels ont prétendu que l’EV1   n’aurait pas marché, alors qu’elle a très bien fonctionné comme en ont témoigné les utilisateurs de l’EV1   (manifestations, rédaction d’une liste de demandeurs). Cette fausse affirmation aurait été utilisée pour retirer au plus vite du marché ces voitures étant donné que les profits générés risquaient d’être trop faibles sur le long terme.

Notes

[1] Worldometers

[2] Voir le site du projet de loi : http://www.arb.ca.gov/msprog/zevpro...


Les intérêts économiques des constructeurs automobiles

par Mata’i Souchon

Bien évidemment, les constructeurs automobiles regardent avant tout leurs intérêts économiques avant de concevoir un nouveau type de véhicule. Il est donc intéressant de commencer par observer quelles sont les sources de revenus des industriels automobiles : la vente des voitures, mais aussi et surtout leur maintenance : vidanges, filtres à huile à changer tous les 4 ans, carburation à régler, réparations en cas de panne du moteur. Tout un réseau de succursales, concessionnaires et agents vit principalement des réparations et de l’entretien des voitures à essence.

Que se passerait-il si cette industrie devait se reconvertir pour du tout électrique ?

Premièrement, il faudrait arriver à vendre les voitures électriques en gardant des marges suffisantes. En effet, pour être attractive, elle devrait coûter autant qu’une voiture à essence de même gabarit. Mais les batteries coûtent très cher, ce qui rend leur vente en masse difficile. Par ailleurs, la fiabilité d’un moteur électrique est largement supérieure à celle d’un véhicule à essence ! La durée de vie d’un moteur électrique est d’environ 1 million de kilomètres, soit six fois plus qu’un moteur essence... Ce qui signifie donc qu’à long terme, les constructeurs effectueraient six fois moins de ventes.

La seule solution pour conserver un système rentable pour les constructeurs serait de miser sur les coûts de maintenance. Mais ceux-ci sont inférieurs de 70% par rapport à ceux d’une essence (dont 80 % des pannes sont dues au moteur) : le moteur d’une électrique comporte moins de pièces mobiles et ne nécessite pas d’entretien particulier ! C’est ce que témoigne un garagiste qui a connu la EV1   de General Motors dans le film « Qui a tué la voiture verte ? » de Chris Paine : cette voiture totalement électrique et très performante pour l’époque (depuis abandonnée pour des raisons probablement économiques) : celui-ci affirme que son rôle se limite à une vérification des pneus et du lave-glace tous les 8000 km ! Il en découle donc que le remplacement des véhicules à essence par des électriques pourrait provoquer la reconversion voire la disparition de plus de 3 millions d’emplois rien qu’aux États-Unis. Dans ces conditions, il n’est pas étonnant que l’industrie automobile soit restée peu active dans l’expansion de la voiture électrique... [1]

Notes

[1] F. Fréry, L’éternelle émergence de la voiture électrique, lui-même s’appuyant sur Hamilton W. (1980), Electric Automobiles, McGraw Hill.