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Les intérêts économiques des constructeurs automobiles

par Mata’i Souchon

Bien évidemment, les constructeurs automobiles regardent avant tout leurs intérêts économiques avant de concevoir un nouveau type de véhicule. Il est donc intéressant de commencer par observer quelles sont les sources de revenus des industriels automobiles : la vente des voitures, mais aussi et surtout leur maintenance : vidanges, filtres à huile à changer tous les 4 ans, carburation à régler, réparations en cas de panne du moteur. Tout un réseau de succursales, concessionnaires et agents vit principalement des réparations et de l’entretien des voitures à essence.

Que se passerait-il si cette industrie devait se reconvertir pour du tout électrique ?

Premièrement, il faudrait arriver à vendre les voitures électriques en gardant des marges suffisantes. En effet, pour être attractive, elle devrait coûter autant qu’une voiture à essence de même gabarit. Mais les batteries coûtent très cher, ce qui rend leur vente en masse difficile. Par ailleurs, la fiabilité d’un moteur électrique est largement supérieure à celle d’un véhicule à essence ! La durée de vie d’un moteur électrique est d’environ 1 million de kilomètres, soit six fois plus qu’un moteur essence... Ce qui signifie donc qu’à long terme, les constructeurs effectueraient six fois moins de ventes.

La seule solution pour conserver un système rentable pour les constructeurs serait de miser sur les coûts de maintenance. Mais ceux-ci sont inférieurs de 70% par rapport à ceux d’une essence (dont 80 % des pannes sont dues au moteur) : le moteur d’une électrique comporte moins de pièces mobiles et ne nécessite pas d’entretien particulier ! C’est ce que témoigne un garagiste qui a connu la EV1   de General Motors dans le film « Qui a tué la voiture verte ? » de Chris Paine : cette voiture totalement électrique et très performante pour l’époque (depuis abandonnée pour des raisons probablement économiques) : celui-ci affirme que son rôle se limite à une vérification des pneus et du lave-glace tous les 8000 km ! Il en découle donc que le remplacement des véhicules à essence par des électriques pourrait provoquer la reconversion voire la disparition de plus de 3 millions d’emplois rien qu’aux États-Unis. Dans ces conditions, il n’est pas étonnant que l’industrie automobile soit restée peu active dans l’expansion de la voiture électrique... [1]

Notes

[1] F. Fréry, L’éternelle émergence de la voiture électrique, lui-même s’appuyant sur Hamilton W. (1980), Electric Automobiles, McGraw Hill.